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01.03.2019 08:34 Il y a : 5 yrs
Catégorie : E-SPÉCIALISTE

e-spécialiste n° 725 : Amende d'urgence? Les patients ne sont ni des contrevenants ni des criminels!

envoyé aux membres du Belgian College of Emergency Physicians le 26.02.2019


Cher Docteur,
 
Des personnes étrangères aux soins de santé ou en périphérie des soins de santé, peu familiarisées avec la problématique des urgences, ont lancé une piste de réflexion qui fait grand bruit aujourd’hui. Ces personnes ont proposé d’introduire une « amende d’urgence » pour les patients qui se sont présentés aux urgences pour des motifs apparemment mineurs.
L’association Belge de médecins-urgentistes (BeCEP) affirme qu’elle n’a jamais été consultée par ces personnes, ni sur la véritable problématique des urgences, ni sur les recherches nationales et internationales déjà menées, ni sur les propositions de solution.
Le concept d’« amende d’urgence » est rejeté intégralement pour les raisons suivantes :

  1. Nous refusons de considérer les patients qui s’adressent à un service d’urgences comme des contrevenants ou des criminels qui ont mal agi et doivent être verbalisés. Ces patients sont en détresse et méritent d’être aidés. Les médecins-urgentistes soutiennent une éthique différente.

  2. Il faut cesser d’entretenir des mythes, certainement de la part de ceux qui ne connaissent pas ou insuffisamment le secteur. Toutes les mesures qui ont été prises jusqu’à présent pour mettre un terme à l’utilisation soi-disant impropre des soins d’urgence, ont coûté beaucoup d’argent à la société mais sans aucun résultat sur le nombre de personnes qui se présentent aux urgences.

  3. Il y a déjà un surcoût considérable (multiplication par 4,5) pour le patient qui se présente spontanément aux urgences, et ceci sans tenir compte du fait qu’a posteriori un problème sérieux ait été diagnostiqué ou pas. Il n’est donc pas correct de passer cette réalité sous silence.

  4. Le Centre d’Expertise (KCE) a déjà publié un rapport en 2005, prouvant que l’introduction de barrières financières aux services d’urgences est inefficace, socialement injuste, et franchement dangereuse. Imposer des mesures pour décourager les patients de consulter les urgences, ne sert à rien. Par ailleurs, il s’avère que l’auto-triage (gratuit !) est souvent le meilleur indicateur pour se présenter ou non aux urgences.

  5. Il est grand temps de se concentrer sur les véritables problèmes qui s’avèrent particulièrement coûteux (aussi aux soins d’urgence) : médecins et infirmiers perdent quotidiennement des heures à chercher un lit pour des patients gravement malades et à négocier avec les hôpitaux pour qu’ils soient pris en charge. Faute de possibilités vu la réduction des lits hospitaliers, les patients sont souvent renvoyés à la maison dans des conditions peu optimales. Cette vérité dérangeante perdurera tant qu’on n’a pas brisé les mythes sur l’usage prétendument impropre des urgences.

Cordialement,

GBS